Des histoires de vie, des instants suspendus, des émotions à fleur de mots.
Il est arrivé tard dans la soirée avec un sac de gâteaux basques. Crème et cerise. Un de chaque.
De la meilleure maison de Ciboure. À chaque saison hivernale, il allait passer quelques jours sur la côte, dans l’appartement de sa voisine. Elle le lui prêtait, et lui, il lui ramenait ce précieux trésor. Elle s’en délectait à chaque fois et aurait aimé qu’il y aille plus souvent. Malheureusement, il s’en contentait d’une fois par an, et elle aussi. Malgré elle.
Au petit matin, alors qu’il allait préparer son café et se couper une tranche de ce délice régional, il découvrit la boîte vide. Plus de gâteau à la crème. Plus de gâteau à la cerise. Une miette restait dans le fond de la boîte, témoin muet de ce qui y avait séjourné.
Comment allait-il faire ? Il n’avait pas le temps de retourner à la boutique ce matin avant de rentrer. Il devait être à 9 h tapantes à son travail, à plus de deux heures d’ici.
Mais surtout… où étaient passés ces gâteaux ? Comment était-il possible qu’ils se soient volatilisés en une nuit ?
Il était venu seul. Sa femme avait préféré rester chez eux pour le week-end. La mer en hiver, ce n’était pas son truc. Il n’était pas dupe, mais après plus de quinze ans de vie commune, il choisissait de fermer les yeux. Pour le moment.
Mais pour le larcin nocturne, il n’en était pas question !
Il arpenta la cuisine, de long en large. Il vérifia le loquet de la porte d’entrée. Fermée. Aucune trace d’effraction. Les volets également étaient clos.
La table de la salle à manger était vide.
Que s’était-il passé ?
Il ne comprit pas. Il en parlerait à sa voisine. C’est sûr. Peut-être avait-elle donné les clés à une autre personne pour le week-end ? Il n’avait rien entendu, mais il avait l’habitude de dormir avec des boules Quies. Rien d’illogique de ce côté-là.
Le soir venu, après sa journée de travail tourmentée par cette disparition, il sonna chez sa voisine, pour lui rendre les clés et tenter de comprendre le mystère basque.
Elle ouvrit, le sourire aux lèvres, comme à son habitude. Elle regarda ses mains, vides. Il n’avait rien ramené ? Elle fut déçue. Elle se doutait que cela devait transparaître sur son visage.
Il commença à parler, expliquant, non sans s’embrouiller, qu’il était sûr d’avoir ramené la veille au soir deux gâteaux, mais que les boîtes étaient vides à son réveil.
Il s’excusa plusieurs fois. Il était confus.
À ce moment-là, sa vieille voisine éclata de rire. Le vrai, l’incontrôlable. Elle devenait rouge tant elle riait. Son rire était contagieux. Après quelques instants d’étonnement, il se mit à rire aussi.
Après vingt minutes, il aperçut sa femme qui rentrait sa voiture dans leur allée. Elle le regarda, surprise de le voir si heureux avec cette dame âgée, et il ne lui adressa qu’un vague signe de la main.
Il prit sa voisine chaleureusement dans ses bras et la fit tournoyer. La vieille femme se laissa faire, heureuse à son tour de ces instants volés. Magiques. À rire autour de gâteaux envolés.
Il eut un flashback à ce moment-là et lui avoua qu’il venait de se remémorer une fringale nocturne. Il avait tout oublié au petit matin, jusqu’à cet instant de pur bonheur avec elle, si fragile, dans ses bras.
Ils restèrent encore un moment à rire ensemble, sans parler. De simples regards malicieux qui en disaient long.
Quand il rentra chez lui, il était décidé. Il avait enfin compris ce qui le rendait heureux dans la vie.
Quand sa femme vint à lui, il lui déclara simplement qu’il l’aimait moins… que les gâteaux basques.
Il remit sa valise dans la voiture, et repartit pour son nouveau pays.
Cateline Sola, le 23 février 2025
Il y a des jours où une simple réunion interminable me donne envie d’inventer des maladies absurdes. D’autres fois, un match de rugby aperçu à travers la vitrine d’un pub m’inspire des images de batailles urbaines. Parfois encore, une boîte vide de gâteaux basques me pousse à imaginer des larcins nocturnes mystérieux.
C’est comme ça que ces textes sont nés. D’un rien. D’un tout petit éclat du quotidien.
Chaque moment, aussi banal soit-il, cache en lui une histoire. Il suffit parfois d’un regard différent, d’une pensée furtive ou d’une émotion trop forte pour qu’un univers prenne forme. J’ai voulu capter ces instants, les figer sur le papier, tout en floutant la frontière entre la réalité et la fiction.
Ce recueil est un journal déguisé.
Chaque texte est né d’une situation réelle, d’un moment vécu ou observé, que j’ai étiré, déformé ou parfois sublimé. Mais derrière chaque histoire, il y a une graine bien réelle — que je dévoile juste après chaque texte.
C’est un jeu de miroirs. Entre ce que je vis et ce que j’imagine. Entre l’instant et l’histoire qu’il pourrait devenir.
Et puis, il y a vous. Peut-être reconnaîtrez-vous des fragments de vos propres journées dans ces chroniques. Des petits riens qui, au fond, ne le sont pas tant que ça.
Bienvenue dans ces Chroniques de presque rien — ces Chroniques du quotidien — où l’ordinaire devient un prétexte à l’imaginaire.
Dans un monde où pleurer est interdit, chaque larme qui coule devient un danger. Peut-on vivre sans tristesse ?
Deux gâteaux, soigneusement achetés, disparus dans la nuit. Un mystère culinaire à résoudre.
Deux matchs, deux mondes : l’un sous les projecteurs, l’autre dans l’ombre… mais tous jouent pour ne pas perdre.
Un rendez-vous chez le médecin qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu…
Le quai observe, les humains s'agitent… et le même spectacle recommence, jour après jour.
Une journée ordinaire… et c’est bien ça l’exceptionnel.
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